Rencontre Innatendue

Ils avaient dû fuir Uxkhal voilà plusieurs jours, après avoir organisé l'un de leurs plus gros coups. Les quatre hommes s'étaient introduits chez la Guilde des Marchands, s'emparant de plusieurs objets de grande valeur qui étaient conservés là-bas. Ils avaient eu bien des difficultés à entrer mais, grâce à leur agilité et à leur discrétion, ils ne s'étaient pas faits repérer par les gardes. Elias s'était chargé de monter la garde depuis l'extérieur, avec son pigeon qui devait aller voir les autres si jamais il se passait quoi que ce soit, tandis que les trois autres brigands entraient. Un autre, Odal, un Nordique, devait crocheter la serrure de la salle où les objets étaient conservés ; il y parvînt avec brio, s'attardant tout de même quelques minutes sur cette serrure qui était particulièrement complexe à crocheter. Quand elle fût ouverte, il monta la garde tandis que les deux autres s'emparaient du plus de choses possibles dans leurs petits sacs avant que tous ne s'enfuient.
Malheureusement, tout ne devait pas se passer comme prévu : le pigeon d'Elias arriva devant les trois acolytes tandis qu'ils tentaient de sortir en discrétion. Un garde avait repéré l'attitude suspecte du guet et, quand les voleurs sortirent, ils furent pris en chasse par la garde de la ville. Ils durent abandonner leur butin pour faciliter leur fuite et finirent par sortir en catastrophe d'Uxkhal, avec dix soldats aux trousses ; ayant dérobé des chevaux pour s'enfuir plus facilement, ils parvinrent à devancer leurs poursuivants. Ils continuèrent leur route vers la forêt, espérant s'y réfugier quelques temps afin que leurs noms fussent oubliés du Royaume de Swadia et qu'ils pussent reprendre leurs larcins. En attendant, ils chassaient pour se nourrir et buvaient grâce aux rivières rencontrées sur le chemin.

Après plusieurs jours de chevauchée (où ils firent de nombreuses haltes), ils arrivèrent dans la forêt. Elias, celui qui avait la meilleure vue, passa en premier ; les branches des arbres diffusaient une ombre bienvenue, qui rafraichissait les fuyards. Une légère brise faisait vibrer les feuilles et provoquait un bruit qui sonnait comme une musique. Sans ce vent léger venu de l'ouest, ils seraient sans doute morts de chaud, car une chaleur écrasante s'abattait sur la forêt ce jour, et Elias transpirait tout son soûl. Son cheval, d'un marron magnifique, s'avançait en trottinant dans la forêt. Derrière lui, à quelques mètres, les trois autres le suivaient, méfiants, se souvenant de leur première mésaventure. Plus loin devant, l'éclaireur remarqua une clairière qui pourrait abriter un campement, et il en informa les autres. Sa voix porta jusqu'à ses amis mais fît fuir quelques animaux alentours, qui auraient pu faire un bon repas. Il faudrait partir à la chasse bientôt, car les vivres étaient forts réduites. Enfin. Ils déplièrent leurs tentes dans la clairière et s'installèrent, et Menelde, un Rodhok, partit à la chasse pour ramener de la nourriture.
Quelques minutes après le départ de leur compagnon, un homme étrange, masqué, sortit des fourrées et s'aventura dans le campement. Immédiatement Odal sortit un couteau de sa botte et se prépara à se battre s'il le fallait, les veines de son bras droit ressortant dangereusement. Il avait peur et ne voulait surtout pas retourner dans quelque prison que ce soit, il avait bien trop de mauvais souvenirs dans les geôles des différents Jarls Nordiques. Mais Elias posa sa main sur son torse, comme pour le retenir, et lui chuchota "Je m'en occupe", avant de s'avancer d'une démarche posée en direction du nouvel arrivant.

-Bienvenue Robin, je me nomme Elias de Swadia, roturier né de parents pauvres. Honoré de te rencontrer ; les affaires qui nous amènent dans ces bois ne regardent nul autre que nous-même, alors nous le garderons pour nous. Je suppose que les raisons de ta présence ne nous regardent pas non-plus,
c'est pourquoi je te demanderai simplement la chose suivante : pourquoi es-tu venu nous voir, plutôt que de simplement nous ignorer ? Tes intentions sont-elles mauvaises ?

Elias se tenait à bonne distance de Robin, l'air méfiant et se préparant à un combat. Il savait que Menelde avait pris l'arc du groupe pour aller chasser et qu'il reviendrait bientôt et, lorsqu'il verrait l'étranger, il se mettrait probablement en position de combat, ce qui leur donnerait un net avantage. Odal, de son côté,
avait son couteau à la main, légèrement plus loin que son compagnon, et se préparait lui aussi à se battre s'il le fallait, extrêmement tendu. Il n'y avait plus qu'à attendre désormais.